Les Délégations financières algériennes ont, au fil des
années et des circonstances, dégagé les arêtes d'une politique
budgétaire, financière et économique au sens large. L'agriculture
tient évidemment la première place dans les préoccupations de
l'assemblée : les élus ont des avis tranchés sur l'évolution de la
législation foncière, sur la refonte du crédit agricole, sur les modalités
de commercialisation de la production, sur les meilleurs
moyens de défendre les secteurs menacés de l'économie rurale.
Mais la gestion du budget ordinaire est un domaine réservé :
cette gestion est prudente, fondée sur une évaluation modérée
des recettes, sur une résistance instinctive aux perspectives des
bouleversements de la fiscalité, et sur une politique sociale resserrée
et bien peu généreuse. Toute l'énergie dont les délégués
sont capables se reporte sur les programmes de grands travaux
couverts par une série d'emprunts gagés sur le budget extra-ordinaire.
Le résultat est spectaculaire. Et si la population musulmane
n'a bénéficié que très indirectement de ces programmes,
l'Algérie n'en est pas moins, à la veille de la deuxième guerre
mondiale, une colonie remarquablement équipée pour l'époque.