L'eugénisme, théorie scientifique qui vise à améliorer les qualités de la race humaine, est depuis la Seconde Guerre mondiale identifié à l'horreur du nazisme. Ainsi croit-on que la volonté d'éliminer les individus non conformes et de cultiver les «meilleurs» est liée à une idéologie totalitaire et que la démocratie, à elle seule, nous protège des dérives eugéniques.
Jacques Testart montre avec précision comment les performances techniques, dans le domaine de la reproduction, saluées comme d'extraordinaires avancées de la science, ouvrent, au contraire, la porte à un nouvel eugénisme démocratique, doux et insidieux.
Extraits en nombre du corps maternel, les embryons peuvent être soumis à l'analyse génétique pour déterminer les caractères «normaux» ou «anormaux» de l'enfant potentiel. Désormais la science permet de trier, sans larmes ni souffrance, les bons et les mauvais humains et va offrir aux parents le choix de leur enfant. La biomédecine prétend maîtriser la reproduction ; l'enjeu essentiel est maintenant de savoir comment les citoyens maîtriseront cette maîtrise.