Fort de son travail de terrain au Mali, notamment auprès des réseaux vétérinaires, l'auteur jette une lumière très originale sur le conflit armé qui déchire le pays et, au-delà, le Sahel. Ce dernier participe d'une crise agraire que mettent en forme les logiques intrinsèques de la religion, mais aussi les alliances historiques entre lignages, notamment à travers l'institution sociale du « confiage » des troupeaux aux bergers.
Les lignes historiques du pouvoir, de l'inégalité et de la mémoire s'entremêlent avec les enjeux contemporains de la propriété et de l'usage de la terre, de l'agriculture et de l'élevage industriels, de la compétition électorale, de l'environnement régional et international. Le djihadisme est le nom immédiat de cette complexité que ne parviennent ni à comprendre ni à endiguer les catégories communes du débat public et des interventions militaires étrangères. Ce faisant, l'ouvrage éclaire d'un jour neuf la société politique malienne, en particulier la question touarègue que la revendication sécessionniste de l'Azawad est loin d'épuiser. En définitive, il montre que la vache, dans son économie politique, morale, esthétique, urbaine autant que rurale, est la traduction abrégée de son historicité, irréductible aux seules problématiques de l'islam ou de l'ethnicité. La violence religieuse au Sahel est d'ordre social et politique.