Croatie, 1942. Au Théâtre national de Zagreb, sous contrôle du
régime oustacha, on décide de monter le Faust de Goethe, à des
fins de propagande. La pièce est jouée pendant toute la guerre,
avec une distribution de plus en plus mauvaise, la plupart des
acteurs de la distribution initiale ayant rejoint les partisans dans
le maquis. En 1982, puis en 1992, Slobodan Snajder utilise cet
événement historique pour mettre à nu les mécanismes de la
terreur fasciste et de la purification ethnique. Un chef-d'oeuvre
de l'humanisme classique sur une grande scène nationale par
temps de «nuit et brouillard», sur fond de camps de
concentration et de furie meurtrière : le paradoxe de cette
représentation est l'enjeu véritable, le coeur de la dramaturgie de
Snajder.