The Big Red One, de Samuel Fuller, est le récit
de l'expérience, fondatrice, que le réalisateur fit du
deuxième conflit mondial, dans la première division
d'infanterie des États Unis. Ce n'est pas au sens
strict son dernier film, ni évidemment son seul film
de guerre, mais c'est son dernier chef-d'oeuvre, le
plus autobiographique, une synthèse de ses pré-occupations d'homme et de cinéaste. Au point que
l'on peut se demander si toutes les scènes tournées
au cours de sa longue carrière ne sont pas autant
de répétitions générales en vue de ce bouleversant
long métrage testamentaire. À Ferdinand Griffon,
alias Pierrot le fou, qui demandait en 1965 chez
Godard une définition du cinéma, Fuller, jouant
son propre rôle, n'avait-il pas répondu : « Un film,
c'est comme un champ de bataille. » ?