La Résistance se développe sur un terreau fortement imprégné par
la différence des rôles sociaux entre les sexes. Si elle entraîne quelques
femmes dans une vie d'homme, la plupart agissent au coeur du foyer,
dans la continuité des rôles traditionnels. Quand bien même elles
acceptent le sacrifice à l'égal des hommes, les résistantes ne sont pas
des combattants de l'ombre comme les autres.
Parce que l'histoire de la Résistance a longtemps été écrite
au masculin, sa version féminine demeure méconnue. Que signifie
résister au féminin ? Quel sens les résistantes ont-elles donné à
leur engagement ? Comment a-t-il été perçu par la société, en temps
de guerre puis après la guerre ? Autrement dit, dans quelle mesure
l'identité féminine a-t-elle influé sur les modalités comme sur les
représentations de l'engagement ?
L'ouvrage propose de découvrir la résistance féminine en l'éclairant
d'un double regard : celui de sa répression orchestrée par
l'occupant et celui des reconnaissances mises en oeuvre à la Libération.
Menée à l'échelle d'un laboratoire privilégié - le Nord, rattaché au
commandement militaire allemand de Bruxelles -, cette étude de la
mobilisation féminine dépasse les frontières régionales. En montrant
le rôle majeur joué par les femmes dans le tissage des liens entre
Résistance et société, elle donne sens à la formule du colonel
Rol-Tanguy : «Sans elles, la moitié de notre travail eût été impossible.»