Le glissement : deux mots encore qui désignent la tentative de déplacer le concept de lecture, de faire résonner autrement ce vieux mot de la langue, si lourdement chargé du poids des métaphysiques occidentales. Opération que Jacques Derrida qualifie à l'occasion de glissement : «Comme il s'agit [...] d'un certain glissement, ce qu'il faut bien trouver, c'est, non moins que ce mot, le point, le lieu dans un tracé où un mot puisé dans la vieille langue, se mettra, d'être mis là et de recevoir telle motion, à glisser et à faire glisser tout le discours.»
On suivra donc les aventures du concept de lecture dans les textes de Jacques Derrida afin d'élaborer une théorie de la lecture basée sur un double geste : d'une part, respecter toutes les exigences canoniques de la tradition interprétative afin de ne pas dire n'importe quoi ; d'autre part, ne pas se limiter à la simple paraphrase, mais y mettre du sien, ajouter au texte commenté. Une fois ces règles de lectures établies, on interrogera la littérature en tant qu'institution et en tant que structurée par le secret. On tentera également de se confronter à la théorie de la réception par le biais de la problématique de la place du lecteur.
Il restera alors à montrer l'interdépendance entre les notions de lisibilité et d'illisibilité et à élaborer, à partir d'un texte de Paul de Man, le concept de scène de lecture.
On terminera ce parcours par l'examen du rapport entre la lecture et la spectralité ou la virtualité.
Les Lettres portugaises, des textes de Baudelaire, Proust, Joyce, Kafka, Ponge, Celan, Cortázar, Blanchot et Sempoux seront cités et étudiés pour étayer les propositions théoriques de ce livre.