Activité royale par excellence, pratiquée par tous les rois de France, la
chasse était plus qu'une simple distraction, mais bien un accessoire du pouvoir,
un moyen de représentation et de contrôle des courtisans. Disparues avec
la Révolution française, les chasses royales furent remises au goût du jour par
Napoléon Ier, soucieux de s'approprier les apparences du pouvoir et qui en fit
un instrument politique puissant. La Restauration, au lieu de revenir à l'organisation
d'Ancien Régime, choisit de conserver l'équipage de Napoléon, qui
fonctionna jusqu'en 1830, année où la révolution de juillet se déchaîna contre la
figure du roi-chasseur, personnifiant l'impopularité de Charles X et de son fils.
Cette continuité humaine, budgétaire, mais aussi politique et symbolique,
se retrouve dans les différents aspects liés à l'organisation des chasses analysés
ici : les voyages de la cour entre les différents palais de la Couronne, la mise en
place d'une étiquette spécifique, les invitations d'ambassadeurs ou de souverains
étrangers, mais aussi l'élevage du gibier, l'aménagement des forêts, la constitution
de la meute et des écuries, et enfin, au coeur de la Maison du souverain, le
rôle du grand veneur, grand officier en charge des chasses impériales puis royales.
S'appuyant sur des sources variées et pour la plupart méconnues - archives,
mémoires, journaux intimes, ou encore tableaux et objets d'art -, cette étude
permet d'aborder, sous un angle singulier, l'évolution de la politique et de la
société sous l'Empire et la Restauration. Elle met en lumière non seulement la
résurgence des traditions de Versailles et de la symbolique royale en ce début
de l'époque contemporaine, mais aussi la passion de la chasse, partagée par
Napoléon et par les derniers Bourbons.