Au village Marcel Robin est dit sorcier. Robin le Bouc, son sobriquet, lui colle à la peau. Sa réputation entretient sa mauvaise humeur, renforce sa marginalité, conforte son image sulfureuse de jeteur de sorts. Conscient du pouvoir qu'on lui accorde il n'hésite pas à en jouer. Libéré du poids de la vie, il lâche enfin la bonde à ses souvenirs. Il raconte sa vie de paysan instruit, et la dureté de ses relations aux autres villageois dans une société verrouillée par le poids de paroles qui se transmettent et n'en finissent pas de peser. Un récit à la première personne qui pénètre au coeur de ce personnage révolté au caractère trempé et au verbe énergique. Voici une chronique rurale décapante qui dépeint de l'intérieur l'univers mental de paysans confrontés aux maladies du bétail, aux calamités du ciel, tout simplement aux aléas de la vie. On l'a rejeté en le désignant comme sorcier. Mais peut être Robin le Bouc n'est-il que plus clairvoyant que les autres sur la réalité des coups du sort qui bouleversent deux familles ? Mort un 1er avril, le présumé sorcier garde toute sa lucidité et avant sa mise en terre, il s'offre le luxe d'une expression libre et truculente.