La justice est le reflet de notre société : elle en endure les maux, elle en cristallise les espoirs. Pourtant, on continue en France à faire peu de cas du droit et, par voie de conséquence, du juge.
Or, depuis quelques années, les juges entendent remplir leur office, ce pourquoi ils sont institués, c'est-à-dire principalement appliquer le droit à tous, y compris aux gouvernants et aux élus. Il faut alors admettre que le droit est essentiellement distinct du politique. Celui-ci doit fournir aux juges les moyens de le soumettre à la règle commune. C'est cette sorte d'héroïsme, ce sens de l'Etat que l'on attend aujourd'hui du gouvernement, pour que les juges ne soient pas tentés de prendre la position de contre-pouvoir politique, au nom d'une certaine mystique de l'équité.
Il faut pour cela poser les missions de la justice française. Là est la question essentielle. Ainsi, la justice française a pour missions conjuguées d'appliquer la loi, de faire respecter les droits des personnes, d'apporter aux difficultés concrètes leurs solutions juridiques et de concrétiser la vertu de justice. Il faut lui en donner les moyens, en repensant le temps, les lieux, le cadre et les personnes qui concourent au service de la justice. Le temps de la réforme globale est venu.