Le soli, à la fois ode et danse traditionnelles de Guinée, célèbre les garçons
circoncis et les filles excisées ou appelés à l'être, tout en rendant en même
temps hommage à leurs parents. De l'empire du Ghana au Manden, dans le
Sankaran, et à Kania, le soli a été une navette culturelle comportant à la fois
une dimension épique et ésotérique.
Ce soli qui a évolué dans le temps est inséparable de laga, l'école secrète ;
de yongoyoli, le chargé de la circoncision - traditionnellement un forgeron - ;
de simoè fotonyi, lieu occulte réservé aux initiés gardiens du patrimoine culturel
généralement situé au sein d'une forêt ; de bili, liqueur qui met en transe et
qui est à la fois un médicament et un excitant, à base de fruits fermentés ; et de
fendali, fedani, ou fendakhi, un savoir inculqué par le moyen d'énigmes dans
une civilisation de l'oralité.
Le kania soli a cette particularité d'être une danse de duel, d'affrontement,
entre des protagonistes qui cherchent à se balayer ou à se terrasser à un certain
moment, par tous les moyens. Cela aurait commencé lorsqu'un un danseur
a été malencontreusement renversé. De danse de réjouissance et d'exhibition,
le soli s'est transformé en danse de défi et de revanche. Cela n'enlève rien à
la gaieté et à l'ambiance de cette danse, qui s'est modernisée, se débarrassant
de la violence inouïe qu'elle a connue à un certain moment dans le Kania.
Des légendes de la danse soli de Kania ont, par leurs prouesses, alimenté et
alimentent encore aujourd'hui les récits épiques des danses que les mémoires
collectives ont enregistrées.
Ce n'est qu'un début, d'autres recherches glaneront des informations pour
exhumer des pans de ce trésor culturel inépuisable qu'est le soli de Kania.