Gaston Chaissac, peintre d'une rare originalité, faisait
oeuvre d'art de toutes choses : pierres, souches d'arbres,
outils hors d'usage et autres débris inutiles qu'il transfigurait
à sa fantaisie. Avec le temps, il est devenu une sorte de
notable de l'art brut, pour les critiques et les amateurs.
Découvert par Jean Paulhan et Raymond Queneau, il fut
aussi un écrivain remarquable. Son oeuvre littéraire, innombrable et facétieuse, est principalement constituée de sa
correspondance : des milliers de lettres envoyées chaque
jour depuis son village vendéen à toutes sortes de correspondants, notoires ou inconnus, auxquels il relatait les
« nouvelles locales choisies parmi les moins sensationnelles »,
ne leur épargnant pas les « idées contradictoires ».
Ce volume groupe une quarantaine de ces lettres, adressées
de 1948 à 1950 à l'abbé Coûtant qui envisageait de devenir
lui aussi artiste-peintre. Outre la savoureuse chronique villageoise, on y trouvera les surprenants avis du « marmiton de
l'art brut » (comme il se nomme lui-même) sur la peinture et
sur la religion.