Le Gange. Le seul fait de murmurer son nom impose le respect et appelle la prière. D'ailleurs, les grands mystiques de l'Inde ne s'y trompent pas, eux qui lui attribuent jusqu'à mille autres appellations : Ganga, Gangaji, Ganga Mataji... À leurs yeux, en parler comme d'un simple fleuve serait une insulte parce que le Gange n'est rien moins qu'une déesse. Peut-être même est-il la source du monde...
Pour en avoir le coeur net, IlijaTrojanow a gravi le glacier de l'Himalaya qui surplombe Gangotri et d'où jaillit le Gange en hurlant. Là, il a effectivement vu le dieu Shiva danser sur ses flots puis agripper la chevelure glacée de Ganga pour mieux la chevaucher...
À pied, en rickshaw, en Zodiac, en bus ou en train, il a longé ses courbes et épousé son débit. Il a fréquenté ses rives et s'est assis sur ses ghats. Il y a croisé Ganesha, le fils de Shiva, et s'est mêlé aux millions de pèlerins de la Kumbh Mela d'Allahabad. Il a senti les braises des incinérations de Varanasi et, avant Calcutta, il a rencontré les dauphins improbables du professeur Sinha. Mais il a aussi remarqué, à la surface des eaux, les corps gonflés des malheureux incapables de s'acquitter des mille roupies de leur crémation.
Chronique sans concession du grand fleuve sacré et livre de rencontres avec des Indiens remarquables, Le long du Gange nous entraîne - entre traditions millénaires et modernité toute récente - au sein même de la complexité de l'Inde.