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Le cinéma allemand est depuis l’origine parcouru par l’idée du mal : en cela est son originalité, voire sa spécificité. De l’Allemagne de Weimar jusqu’aux années 2000, l’ouvrage montre comment le mal est un véritable fil rouge dans la création cinématographique. L’expressionnisme des années 1920 invente le film d’horreur et impose la figure d’un mal métaphysique qui contamine l’ensemble du monde. Au même moment naît un cinéma engagé, qui dépeint une nouvelle figure du mal, celle de la fatalité du déterminisme social : prostitution, ascension sociale et chute. Pour le pouvoir nazi, le cinéma est un objet de propagande totale, entre divertissement et idéologie, et le mal est désormais les « autres », qui veulent souiller la pureté de l’Allemagne. Après une après-guerre amnésique, où le mal n’existe plus, ce dernier revient au cœur du jeune cinéma allemand des années 1970 qui interroge le pourquoi et les survivances du nazisme. Le mal n’est plus l’autre, mais soi : son pays, ses parents, donc sa propre histoire. Penser le mal, c’est donc penser la responsabilité et se penser soi-même. Depuis les années 2000, la question n’est plus de savoir si le mal existe mais plutôt comment le bien et la morale sont possibles.