Par nature, le propos injurieux est instable : il est jaillissement et, sans cesse, échappe. Tantôt il déchire le tissu des convenances de l'ordre socioculturel, tantôt il dénonce ceux-là mêmes qui en bafouent les valeurs. Vomi haineux ou franche paillardise, il nous fait entrer dans un espace désaxé en quête d'un éphémère mais salvateur rééquilibre. En cela, ce livre ne saurait prétendre à une quelconque synthèse qui fixerait, une fois pour toutes, la connaissance des pratiques injurieuses dans la littérature latine. Il est, au contraire, l'exposé d'une démarche heuristique qui, chaque chapitre s'enrichissant du précédent, partant des origines et des différentes significations des mots du lexique injurieux, analyse les fonctions et les rôles de ces termes dans les textes étudiés et s'interroge sur les rapports que les injures entretiennent avec le théâtre, la poésie, la rhétorique, l'éloquence et la polémique.
Pour exploiter l'immense gisement des 43000 occurrences injurieuses des 1400 termes déclinables sélectionnés dans 120 textes de 50 écrivains, le tout réparti sur 8 siècles, l'auteur a utilisé des logiciels informatiques lexicographiques. Il a ainsi pu définir, par oeuvre et par auteur, un lexique injurieux, sa typologie sémantique, sa densité et sa fréquence d'emploi. Ces données sont venues nourrir des synthèses par genre littéraire. Rassemblées, elles ont permis d'appréhender la partie sociologique de cette étude et celle relative à l'imaginaire romain des injures.
Un site internet, « les-injures-latines.com », rassemble, en complément des injures exposées dans cet ouvrage, des tableaux statistiques, des citations ainsi qu'un lexique des injures latines, permettant une consultation aisée de ces données au fur et à mesure de la lecture des chapitres du livre.