Ney compte avec Murat, Larmes ou encore Lefebvre parmi les maréchaux d'Empire les plus connus et les plus populaires. De fait, rien ne lui a manqué pour lui assurer une place prédominante dans la geste napoléonienne, ni la bravoure, ni les victoires, ni les malheurs. Sa popularité, ce fils d'un artisan tonnelier né en 1769, à Sarrelouis, la gagne d'abord lors des guerres de la Révolution, s'illustrant au sein de la glorieuse armée de Sambre-et-Meuse. C'est cependant sous l'Empire que celui que l'on surnomme le « Lion rouge » emporte l'adhésion de ses contemporains par sa bravoure, à Elchingen, Friedland, la Moskova, ou encore lors de la retraite de Russie. Autant de hauts faits glorieux dans une carrière remplie de près de trois cents combats et cinquante batailles rangées !
Mais l'homme n'est pas fait d'un bloc : si son courage efface bien souvent ses erreurs de commandement, son irritabilité et sa jalousie envers ses condisciples ternissent son image. Son inconstance politique lors de la fin de l'épopée impériale écorne à nouveau sa réputation - il prend la tête de la contestation qui contribue à l'abdication de Napoléon en 1814 et rallie les Bourbons avant de trahir Louis XVIII à qui il jure de ramener l'usurpateur « dans une cage de fer » et de changer une nouvelle fois de camp -, tandis que son exécution, après un procès souvent jugé inique, le 7 décembre 1815, fait de lui un martyr dont on oublia les faiblesses morales.
En s'appuyant sur de nombreuses archives et sur les Mémoires des contemporains, Franck Favier brosse avec brio le portrait d'un homme qui mêla jusqu'à les confondre franchise et susceptibilité, courage et inconstance.