J'écris parce que je ne suis pas heureux dans la joie
réflexive du monde chargé de distances.
L'écriture, à chaque instant, me défend de la mer,
de la vie tenace comme les vagues qui passent.
Blai Bonet (Santanyí 1926 - Cala Figuera 1997), poète, romancier,
essayiste et dramaturge des Baléares, est une des figures de référence
de la littérature catalane contemporaine. Quoiqu'il ait dit de lui «Je ne
suis pas un ascète, je ne suis pas un mystique», Blai Bonet, est dans
sa poésie, l'un des écrivains catalans de notre temps qui a le plus
approfondi le sens du sacré comme on le voit dans ses premières publications
Chant Spirituel (1952), Comédie (1960), L'Évangile selon un
parmi tant d'autres (1967). Proche à ses débuts de l'esthétique de Paul
Valéry, il fait montre, ce qui est très rare chez les auteurs catalans de
son époque, d'une admiration pour les écrivains de langue castillane,
essentiellement les poètes, Neruda, Guillén, Vallejo, Aleixandre. Par la
suite sa poésie évoluera vers des aspects plus symbolistes, voire surréalistes,
il épousera souvent la façon de voir des contemporains qu'il
aimait, Carles Riba, Salvador Espriu par exemple, mais son écriture
baroque restera très personnelle.
Dans ses dernières oeuvres il introduira un sens de la dérision et un
humour souvent tournés contre lui-même, en tant qu'être humain, mais
aussi en tant que poète dont il savait se moquer. Par ailleurs, sa
production de romancier et d'auteur de théâtre en font un écrivain toujours
présent sur la scène littéraire catalane, malgré son isolement
volontaire dans son petit village de Majorque, Santanyí. Son principal
roman La Mer - qui a inspiré un film du même nom, de Agustí
Villaronga, présenté au Festival de Berlin en 2000 - a été récemment
(2002) traduit en français et publié aux éditions Fédérop. Il a obtenu la
Mention spéciale du Prix Méditerranée étranger.