Le XVIIe siècle anglais est traversé par un
corps radieux, en la personne de John Wilmot,
comte de Rochester. Né en 1647 à Ditchley, dans
l'Oxfordshire, il meurt trois décennies plus tard,
ulcéré, pantelant, «sans une convulsion ni même
un grognement». Malin, méchant, séduisant, il
aura eu le temps de traverser l'Europe, de voir
ses amis foudroyés lors de combats en mer,
d'enlever puis d'épouser une héritière, de briller
à la cour comme d'insulter son roi, d'investir
pages et putains, de se travestir en médecin, de
séduire les actrices, de lire voracement, d'aimer
le parfum du cèdre et du genévrier, d'écrire
enfin d'effroyables libelles, des pièces licencieuses,
une correspondance fournie, et, accessoirement,
quelques-uns des plus beaux poèmes
de la langue anglaise.