Occupant dans la littérature une place toute singulière, Le Moine (The Monk), roman de Matthew Gregory Lewis, a su poser les fondements de l’esthétisme gothique. Le diable, contre toute attente, se cache sous la soutane et la noirceur de l’âme du saint homme effraye autant qu’elle fascine. Le combat entre le vice et la vertu est ici magnifié et emporte dans un flot de questionnements l’ensemble des protagonistes jusqu’aux tréfonds de leurs âmes... Ce chef-d’oeuvre du roman gothique reste le témoin éclatant de la désacralisation et de l’avènement du rationalisme. Au sacré, se substitue une réaffirmation de la magie, de la superstition, et la mise en lumière des forces diaboliques et macabres qui régissent notre monde, mais surtout notre vie intérieure.
« Je continuerai à tenir pour une œuvre essentielle Le Moine, qui bouscule cette réalité à pleins bras, qui traîne devant moi des sorciers, des apparitions et des larves avec le naturel le plus parfait, et qui fait enfin du surnaturel une réalité comme les autres » — Antonin Artaud