Dès l’origine, les mouvements fascistes connaissent une marge qui se veut européenne et socialiste. N’ayant pu jouir du pouvoir, ayant souvent été éliminée, elle a toutefois su inventer des discours et des idées pour la construction d’une Europe nationaliste. Ceux-ci ont largement contribué à la formation de la propagande des États fascistes après 1942, mettant en exergue l’édification d’un « Nouvel ordre européen ». Après la Seconde Guerre mondiale, et particulièrement avec la phase de décolonisation, puis post-1968, le néo-fascisme a redéployé ces éléments dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler le nationalisme révolutionnaire. Ayant placé l’unité européenne en horizon d’attente, ces fascistes œuvrent à la constitution d’une action et d’une idéologie internationales. Ils participent dès lors à de nombreux champs politiques, nationaux et internationaux, et y entreprennent des tactiques différentes de l’un à l’autre. Leurs idées européistes les entraînent ainsi non seulement dans une élaboration post-moderne du politique, n’hésitant pas à puiser aussi bien dans les signes gauchistes que moyen-orientaux, mais les poussent à des réorientations géopolitiques éclairant l’évolution du monde des lendemains de la Première guerre mondiale à ceux du 11 septembre. De là, ce sont l’histoire et la nature du phénomène fasciste qui sont revisitées.