Le musée, une institution dépassée ?
Le musée, comme noble institution de sauvegarde, de transmission culturelle et d'ouverture au monde, a-t-il vécu ? Est-il en passe de rejoindre le paradis de nos idéaux trahis, ou l'enfer des formules épuisées ? Quid de son âme, en tout état de cause ?
C'est que la marchandisation de la culture a bien remis en cause son caractère désintéressé et pousse à considérer les collections comme des actifs valorisables ; Guggenheim, le Louvre et autres deviennent des marques, qui s'exportent, se « dealent » en quelque sorte. La pression des médias audiovisuels et des parcs d'attractions, et le souci de ratisser large conduisent par ailleurs à privilégier le spectaculaire ; l'événementiel prend le pas sur le permanent, le succès prime sur le savoir, l'anecdotique sur le fondamental.
Entre dérives entamées, impasses certaines et voies d'avenir possibles, entre le rappel vite incantatoire de la grandeur du projet de culture enfanté par les Lumières et les séductions facilement démagogiques du marketing d'aujourd'hui, il est difficile de s'y retrouver. Et pourtant la question ne saurait laisser indifférent l'homme cultivé. L'avenir du musée est un enjeu de civilisation, rien de moins.
Muséologue éclairé, André Gob nous donne les moyens d'une compréhension des processus en cours et plaide pour la relance d'un projet muséal ambitieux et diversifié, adapté mais non asservi aux besoins et aux rythmes de nos sociétés, et prolongeant de progrès inédits l'oeuvre entreprise à l'âge classique.