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La notion d’absurde et le rapport entre l’absurde et le suicide forment le sujet de cet essai.
Une fois reconnu le divorce entre son désir raisonnable de compréhension et de bonheur et le silence du monde, l’homme peut-il juger que la vie vaut la peine d’être vécue ? Telle est la question fondamentale de la philosophie.
Mais si l’absurde m’apparaît évident, je dois le maintenir par un effort lucide et accepter en le vivant de vivre. Ma révolte, ma liberté, ma passion seront ses conséquences. Assuré de mourir tout entier, mais refusant la mort, délivré de l’espoir surnaturel qui le liait, l’homme va pouvoir connaître la passion de vivre dans un monde rendu à son indifférence et à sa beauté périssable. Les images de Don Juan, du comédien, de l’aventurier illustrent la liberté et la sagesse lucide de l’homme absurde. Mais la création – une fois admis qu’elle peut ne pas être – est pour lui la meilleure chance de maintenir sa conscience éveillée aux images éclatantes et sans raison du monde. Le travail de Sisyphe qui méprise les dieux, aime la vie et hait la mort, figure la condition humaine. Mais la lutte vers les sommets porte sa récompense en elle-même. Il faut imaginer Sisyphe heureux.