Précédemment publié par Armand Colin en 2009, l'ouvrage ici réédité propose une
synthèse originale et critique de la question du narrateur chez les narratologues
et les autres théoriciens de la communication narrative de tradition française
(Gérard Genette), tchèque (Lubomír Dolezel), allemande (Franz K. Stanzel, Monika
Fludernik), américaine (Seymour Chatman, Marie-Laure Ryan), chez les philosophes
du langage (John R. Searle, Gottfried Gabriel) et les linguistes français (Laurent
Danon-Boileau, Alain Rabatel, René Rivara) qui se sont intéressés aux problèmes
posés par le récit de fiction, ainsi que chez les représentants des théories «non
communicationnelles» du récit de fiction : Käte Hamburger en Allemagne,
S.-Y. Kuroda et Ann Banfield aux États-Unis, les chercheurs en sciences cognitives
de l'Université de Buffalo.
L'auteure remet en cause la domination du paradigme communicationnel dans
la théorie et dans l'analyse des récits de fiction. Elle constate que la permanence
de certains présupposés (le narrateur est une voix et, puisque c'est une voix, il
parle) et la sous-détermination de certaines notions (comme celles de déixis ou de
subjectivité) résultent d'une attention insuffisante portée aux faits de langue.
Elle propose les éléments d'une problématisation linguistique et pragmatique
de la question du narrateur, fondée sur l'idée que le récit de fiction a le pouvoir de
signaler par des marques particulières que le lecteur doit construire le narrateur,
et qu'en l'absence de ces marques, il lui est possible de percevoir d'autres formes
et d'autres effets narratifs que certains auteurs se sont tout particulièrement
efforcés d'obtenir.
Sylvie Patron