«La majeure partie d'Ultramarine n'est que paraphrase,
plagiat ou pastiche de votre oeuvre.»
Lettre de Malcom Lowry à Nordahl Grieg, Los Angeles, 1938
Dans Le navire poursuit sa route, Nordahl Grieg, qui avait
lui-même embarqué comme simple matelot, narre le destin
de Benjamin sur un cargo, monstre métallique avide
de sang. S'en suivent les rixes, les furieuses bordées,
l'oubli, le mal vénérien...
Dans le sillage de Deux Années sur le gaillard d'avant de
Richard Henry Dana et de Redburn de Herman Melville,
Le navire poursuit sa route appartient à la confrérie des
récits de marins qui ont valeur de huis clos initiatiques,
où s'exaltent les énergies. Il annonce Le Vaisseau des morts
de B. Traven, Le Quart du poète grec Nikos Kavvadias et
particulièrement Ultramarine de Malcolm Lowry.
En effet, Malcolm Lowry se fit engager en 1930 comme
soutier sur un cargo en partance pour la Norvège pour y
rencontrer Nordahl Grieg ; ils restèrent dès lors amis. En
fait, Malcolm Lowry, qui a adapté Le navire pour le
théâtre, s'était, pour avoir vécu des aventures similaires,
complètement identifié au héros du Navire au point
d'être «jeté dans de vrais troubles psychiques». Ce constat
l'obséda tellement qu'il en fit un roman, In Ballast to
the White Sea, disparu dans l'incendie de sa maison : l'histoire
d'un étudiant qui a le désir d'écrire et ne le peut,
puisque ce livre existe déjà, écrit auparavant par un
écrivain nordique...