Inventeurs, dit-on, des régimes parlementaires modernes, les Huguenots
réintégrés à la nation sont finalement privés de leurs institutions historiques
à l'aube du XIXe siècle. Pourtant, le besoin de restauration n'est ni continu
ni exempt de préjugés. Méconnaissance de l'Histoire, tentations
centralisatrices empruntées au modèle luthérien, soif de pouvoirs de
quelques leaders dictent le rythme des revendications. Dans un concert de
rivalités territoriales entre Églises, et entre provinces, se dessinent alors
de manière croissante des besoins de regroupements et d'organisation.
Comités des grandes oeuvres, conférences pastorales, correspondances
confidentielles structurent alors des partis ecclésiastiques - jusqu'alors mal
identifiés mais que l'on retrouve en termes voisins dans d'autres
environnements protestants à la même époque. Mais alors que, justement
et partout ailleurs, les courants peuvent se déployer, les Réformés français
doivent batailler pour recouvrer leurs institutions. Entre attachement réécrit
au passé, force de la Discipline et contingences du moment, ils en viennent
finalement à inventer de nouveaux moyens de régulation ecclésiale. Infidèles
à l'Histoire, mais forts de droits historiques, ils reconquièrent finalement
leur identité dans la diversité.
Dans cet examen qui embrasse le siècle, les méthodes d'analyses du
politique et des formations partisanes ont été employées sur un objet a priori
d'histoire religieuse - renversant ainsi les expériences menées sur les sociétés
politiques avec le prisme des symboliques sacrales.