À la charnière du continent et de la Péninsule, le Roussillon a toujours été, au cours de son histoire, une zone de passage, de frontière. Dans les années 60, "montent" du Sud, souvent via Barcelone, des immigrants économiques espagnols qui ne parlent plus la langue de leurs prédécesseurs, le catalan. Les nouveaux venus, castillanophones, qui se trouvent confrontés à une société "bilingue", développent sur ce terrain leur propre mode d'expression, à la croisée de trois langues voisines, qu'ils dénomment eux-mêmes "melandjao". Est-ce un chaos infâme, un "charabia", ou bien y a-t-il un certain ordre dans le désordre de cette interlangue ? Comment la décrire et l'analyser dans toute son étendue et sa complexité ? C'est là tout le propos de ce livre, basé sur la "parole immigrée" recueillie.