« Je suis plus spécial que toi » : telle pourrait être la devise de notre époque, tant nombre de nos contemporains sont entrés en compétition pour faire reconnaître leur identité, surtout s'ils l'estiment bafouée. Cette surenchère à la singularité ne peut se comprendre que replacée dans le contexte de l'irrésistible ascension du néolibéralisme. Ce livre en retrace les étapes : de l'émergence des théories postmodernes jusqu'à l'essor d'un marketing centré sur l'individu, en passant par les gouvernements Reagan et Thatcher. Il dénonce également la gigantesque opération de diversion qui a consisté à remplacer la question sociale par celle de l'identité, qu'elle concerne le genre, l'origine ethnique, l'orientation sexuelle, le rapport à la nature ou aux animaux. Le capitalisme a ainsi neutralisé les mouvements contestataires. Pire encore : il tire des bénéfices commerciaux de leurs revendications.
Face à l'idéologie néolibérale de la « diversité » qui occulte les inégalités économiques, l'auteur en appelle à dépasser le narcissisme des petites différences pour réinvestir le terrain sur lequel l'humanité a tout à gagner : la lutte contre le capitalisme.