Partant de l'affirmation d'Aristote selon laquelle l'homme est un animal politique
et qui parle, l'auteur développe ce qu'il en est du lien paradoxal qui lui
fait nécessairement rechercher la coopération de ses semblables, organiser
des solidarités, tout en réagissant agressivement à toute dissemblance réelle ou
imaginaire. De cette lutte incessante entre les pulsions, entre celles-ci et l'impératif
spécifique à l'espèce d'élaborer ses modes de vivre-ensemble, entre violence et
symbolique, naît le politique. Celui-ci peut se définir comme l'émergence de la Loi,
non comme évocation du père mais comme émanation du groupe, garantissant la
reconnaissance de ses membres et l'interdiction de dévoration entre eux.
L'auteur, dans une perspective de psychologie politique, analyse comment les
désorganisations du lien et l'affaiblissement du politique liés aux excès de la
modernité suscitent désarroi et blessures identitaires qui libèrent des pulsions destructrices
comme le terrorisme, les violences urbaines ou les conduites suicidaires.
Elle souligne les paradoxes du «rêve démocratique» même si elle conclut à la
nécessité de l'utopie pour rêver et vouloir le politique.