Pietro a dix ans. Orphelin rêveur et débrouillard, il possède son
univers et son langage à lui, à la fois cocasses et surréalistes. Ainsi
quand il quitte précipitamment, au printemps 1945, le couvent de
Saint-François-du-Désert, c'est pour fuir les «hommes d'A-H»,
autrement dit les Allemands. Avec lui, un petit groupe hétéroclite :
Dario, son meilleur ami taiseux mais fort en maths, qui s'il a les
oreilles décollées n'a pas pour autant tué Jésus ; deux vieilles
dames juives, les soeurs Maurizia et Ada Jesi ; et puis Elvira, une
jeune religieuse, aussi suspecte que belle, qui tient un journal et
dont le récit alterne avec celui de Pietro.
Traqués par les nazis, ils reçoivent l'aide d'un pêcheur «qui vit
comme une mouette» et d'un frère énergique «aux silences
qu'on écoute». Ils sont rejoints par un déserteur allemand, dont
le secret affectera de manière tragique le destin collectif.
Sous des lunes immenses, au coeur de forêts noires et de fermes
en ruines leur folle équipée les conduira au-devant de partisans
et fascistes désorientés, alors que la guerre touche à sa fin : si les
hommes et les lieux sont chargés de défiance et de terreur, une
lueur de bonté réussit, de temps en temps, à percer les ténèbres.
À travers ce texte d'une grande délicatesse, truffé de trouvailles
poétiques et drôles, Andrea Molesini s'impose décidément
comme l'un des plus grands écrivains italiens contemporains.