Telle est donc la manière dont toutes les sciences, depuis les mathemata
(avec ses branches, et on pourrait y ajouter la logique dont la fonction
est d'enseigner à l'homme la manière de rechercher la vérité et d'éviter la
fausseté), à la physique, à la métaphysique, à la psychologie (et on pourrait
y ajouter la physiologie qui intervient aussi dans la détermination des puissances
de l'âme) à la politique (qui les totalise pour ainsi dire) se tiennent
et s'ordonnent, selon une logique implacable, pour conduire l'homme vers
sa fin ultime : «le bonheur suprême».
Il s'agit là d'une vraie philosophie des sciences qui les définit et les classe
selon des critères déterminés (les principes de connaissance et les principes
d'existence), qui leur assigne un commencement dans celles qui sont les
plus abstraites et les plus faciles, un ordre précis qui est celui qui s'achemine
des effets aux causes, ou des conséquences aux principes et «aux principes
des principes», jusqu'à la cause première ou principe premier, et enfin qui
leur fixe une fin ultime, savoir «le bonheur suprême» qui est le but de la
vie humaine.
C'est cette philosophie, avons-nous dit, qui semble manquer à al-Ihsâ',
qui apparaît comme un traité orphelin. Mais à vrai dire, elle ne lui manque
qu'en apparence ; car l'ordre qu'il suit et qui va de la langue, à la logique,
aux mathemata avec leurs branches, à la physique, à la métaphysique, à la
politique et ses dépendances, ne fait que reproduire en pointillé et avec des
vides ici ou là, l'ordre qui est explicité avec détail dans Tahsîl et que nous
venons de restituer.