L'analyse littéraire la plus provocatrice qui ait été faite de la situation post-coloniale
The Times
« Je connais mon père et ma mère, mais je ne peux aller au-delà. Mon ascendance est brouillée », écrit Naipaul, le fils d'immigrants indiens recrutés à partir des années 1860 dans l'Uttar Pradesh pour venir peupler cette petite île dénuée d'histoire qu'est Trinidad. Nul dans sa famille n'a de mémoire ni collective ni individuelle mais chacun porte en lui une trace de l'Inde mythique, même s'il ne la connaît pas : « Pour ces gens, l'Inde, le passé, avaient été balayés, comme le présent - Trinidad - était en passe de l'être. »
Abandonnant les silhouettes fragiles d'une famille déracinée, le voici décrivant les premières années de Gandhi, « petit homme émacié, la tête rasée, de grandes oreilles », un pacifiste guerrier, un visionnaire qui veut réformer l'Inde « immobile, décrépite, cruelle ».
« Le monde est ce qu'il est », disait Naipaul : ce grand écrivain n'a de cesse de poser les mêmes questions, sans jamais accepter la sécurité des réponses.