À partir de la notion de régénération, tant utilisée dans la Révolution française,
le livre mène l'enquête sur la fusion du religieux et du politique qu'a suscitée
cette vision. En effet, le discours des acteurs est obligé de passer par cette idée
et même cette idéologie régénératrice, qui traverse toute la Révolution : depuis
la désastreuse Constitution civile du clergé jusqu'au coup d'arrêt donné par le
concordat de Bonaparte, après diverses tentatives d'établir une autre religion,
dont le fameux culte de l'Être suprême chez Robespierre.
La régénération nous surprend parce qu'elle célèbre à la fois une rupture, avec
le passé, et un retour : aux principes, à la nature première, voire à un état
d'innocence.
Sur le fondement d'une même matrice, on perçoit deux grandes tendances
dans l'idéologie régénératrice : l'une se veut, constitutionnellement, au service
de l'individu, l'autre recherche la communauté régénérée qui contraindra l'«individu
égoïste», y compris par la Terreur. Marx hérite de ce projet régénérateur,
bien qu'il s'en défende. Notre laïcité reste, quant à elle, ambiguë, car la
République porte le poids des conflits et des relations de mimétisme qu'elle a
entretenus avec l'Église.