Mohammed VI, roi du Maroc, est désormais le premier
banquier, le premier assureur, le premier agriculteur de son pays.
Il y joue un rôle dominant dans l'agro-alimentaire, l'immobilier, la
grande distribution, l'énergie et les télécoms. La fortune personnelle
du souverain a quintuplé depuis son accession au trône, et
le magazine Forbes le classe aujourd'hui parmi les personnalités
les plus riches du monde. Que s'est-il donc passé au Maroc depuis
l'avènement du fils d'Hassan II ?
Par le biais des holdings que contrôle la famille royale, avec
l'aide du secrétaire particulier de Sa Majesté et la complaisance de
la Cour, c'est à une véritable mise en coupe réglée de l'économie du
royaume que l'on assiste depuis plus de dix ans. Et si l'absolutisme
royal selon Hassan II visait à assurer la pérennité de la monarchie,
la structure de gouvernement mise en place par son fils est tout
entière tendue vers l'accaparement privé.
Au terme d'une minutieuse enquête de terrain, d'un examen
fouillé des dossiers sensibles, de nombreuses rencontres avec les
principaux témoins de cette royale prédation, voici ce système, et
les hommes qui en tirent les ficelles, pour la première fois mis au
jour. Voici comment le souverain d'un des régimes les plus menacés
par la vague démocratique dans les pays arabes a transformé ses
sujets en clients, l'État en machine à subventionner les intérêts de
la famille royale, et notre pays en complice d'un désastre politique
et moral auquel contribue, à son corps défendant, le contribuable
français.