Au XVIIIe siècle, la noblesse française comme l'aristocratie, minorité ô combien plus « médiatisée », étaient perçues comme décadentes par la grande majorité du peuple de France. Rongée par les dissensions internes, minée par les rumeurs et les scandales, contestée dans sa légitimité à revendiquer une supériorité sociale, la noblesse paraissait indigne de sa vocation à servir le royaume. Elle vivait alors la clôture d'un cycle, dont 1789 ne serait finalement que l'ultime conséquence. En somme, et cette caricature de l'ensemble de l'ordre perdure jusqu'à nos jours, la noblesse, en dérogeant à l'honneur, aurait perdu sa raison d'être.
Mais y avait-il, dans les faits, une inconscience collective de la noblesse ? Pour démêler le vrai du faux, Fadi El Hage, grâce à l'étude de documents inédits, invite le lecteur à s'interroger sur la place et le rôle d'une noblesse autant victime de fantasmes que de l'image sociale et morale qu'elle renvoyait au public.