Individu et cosmos
Cassirer a mis un terme à l'aveuglement qui déniait toute activité philosophique à la vaste période de renaissance des lettres et des arts qui s'ouvre au XVe siècle avec Nicolas de Cues, premier théoricien du monde infini et s'achève en 1600 avec le supplice de son disciple Giordano Bruno. Cette philosophie était à déceler et à restituer dans sa vraie nature et son ampleur au prix d'un déchiffrage du riche tissu d'allégories poétiques et plastiques où se détache le ferme dessin du Microcosme, l'Homme de l'Humanisme, prenant possession du monde, ancêtre du Cosmotheoros des derniers textes de Kant.
L'humanisme est questionnement universel, foisonnement littéraire, éclat de l'érudition, élargissement de l'horizon... Mais il ne le serait point sans la puissante armature intellectuelle de sa philosophie. Au-delà des pittoresques figures de ces temps d'éclosion apparaît l'unité systématique de la pensée qui a produit le monde moderne.
Les deux textes donnés en complément, De la pensée de Nicolas de Cues et Le sage de Charles de Bovelles, sont, plus que des documents, les pièces à conviction de ce procès en réhabilitation de la philosophie de la Renaissance.