Alger, 1880. La fièvre de construction a saisi un pays occupé
depuis à peine cinquante ans et qui était devenu une destination
de choix pour des milliers de migrants du pourtour méditerranéen
«chassés par la famine... venus chercher le pain blanc et la joie
sur cette terre d'Afrique». Le Sang des races (1899) relate avec
enthousiasme la vie de ces «nouveaux débarqués» dont l'énergie,
les appétits, la violence et l'amoralisme gouailleur sont mis en scène
comme qualités essentielles d'un «peuple jeune». Et c'est bien
l'excès (d'alcool, sexe, langage ou force physique) qui caractérise
- et, pour Bertrand, justifie - ces charretiers de Bab-el-Oued,
Espagnols pour la plupart, peints comme des «êtres de liberté, de
gloire et de joie» ; héros de la route du Sud, dans «un jeune monde
naissant».
Après la réédition des Colons : roman de la patrie algérienne
(Autrement Mêmes, 36), voici celui que Randau et le groupe
algérianiste saluèrent comme le roman fondateur de la littérature
algérienne de langue française.