Ænésidème est peut-être le premier sceptique de l’antiquité. Esprit plus sérieux que Protagoras, que Gorgias, plus étendu que Pyrrhon, s’il a moins d’éclat dans le talent, s’il est moins ingénieusement subtil qu’un Arcésilas, un Carnéade, il les surpasse tous deux en force, en rigueur, en profondeur.
On se fera une idée juste du rôle que cet éminent sceptique a rempli dans la philosophie grecque, si l’on veut rapprocher deux faits qui n’ont pas été assez remarqués : le premier, c’est que la Sophistique a moins été un scepticisme véritable que la tentative audacieuse de quelques hommes brillants et corrompus pour combattre et détruire à leur profit tous les systèmes philosophiques et toutes les croyances religieuses ; le second, c’est que l’école qu’on appelle quelquefois l’Académie sceptique n’a pas réellement combattu le dogmatisme dans son essence, mais seulement une de ses formes, savoir, le dogmatisme stoïcien ; et que tout en niant la certitude, cette école timide dans sa hardiesse a expressément reconnu la probabilité.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.