«Un Anneau pour les gouverner Un Anneau pour les trouver et dans les ténèbres les lier Au pays de Mordor où s'étendent les ombres.»
Le Seigneur des Anneaux tirerait-il sa fascination de la puissance poétique qui émane de ces vers ? Son succès proviendrait-il de sa capacité à légitimer, en l'universalisant, l'attrait pour la guerre et la mort ? A l'innocence d'Adam et d'Eve, voulant goûter d'un fruit «bon à manger, agréable à regarder», Tolkien oppose un récit où le mal fascine pour ce qu'il est et non pour le bien que, par ruse, il promet. Pourquoi ?
On a souvent reproché au Seigneur des Anneaux de véhiculer une idéologie conservatrice, misogyne et raciste. Qu'en est-il exactement ? En créant une «race» si «perfide» qu'il faut l'exterminer, Tolkien l'a-t-il dotée de suffisamment d'irréalité pour ne pas être soupçonné de racisme ? Qui se cache derrière Gollum ? Caïn ? Caliban ? Ou bien encore «l'homme d'en-bas», l'homme du peuple, déchu pour avoir voulu revendiquer le pouvoir et les richesses ? Enfin d'où vient le regain d'intérêt pour un ouvrage écrit il y a près d'un demi-siècle ?
S'appuyant sur les analyses de Foucault, Lévi-Strauss et Ricœur, mais également de Jean Cohen, Luc Ferry ou Pierre Macherey, cet essai se propose de répondre à ces questions.