C'est toujours à un étrange, incertain, cosmique et enivrant voyage que nous convie l'amour. Merveilleux et périlleux périple où « nous sommes / du bois flotté / qui invente ses côtes / ou l'inverse ». Entre les amants, le dialogue ne cesse jamais, même si peut s'y mêler le regret ou la nostalgie - pire encore, la disparition : « aujourd'hui nos paroles errent sur la mer / nous nous aimons comme des noyés ». L'un est inquiet, tel Orphée craignant de perdre sa raison d'être. L'autre sait que la force de l'amour les unira à tout jamais à l'univers : « va ne crains rien / la beauté te rattrapera / le long d'une route / à la lisière d'un bois / d'une prairie ou d'un lac ». Par ses poèmes, qu'illustrent comme les ailes d'un oiseau les encres et aquarelles de Véronique Durruty, Marilyse Leroux nous emmène en « ce lieu / où ne plus chercher / qui de l'amour / ou du voyage / nous fait avancer » et nous donne en partage cet amour qui nourrit « le sein de la terre ».
Jean-Claude Martin