Le signe de croix tel qu'on le pratique aujourd'hui est l'aboutissement d'une histoire longue et complexe que jalonnent d'innombrables textes qui, loin d'être des balises, indiquent que l'observance rituelle des chrétiens a considérablement varié au cours des siècles et que les indices à même de nous renseigner sur l'évolution précise de la pratique sont bien ténus. Après un volet historique, dont le but est de repérer des textes et des auteurs emblématiques, et avant un volet plus théologique, consacré notamment à une typologie et à une herméneutique du signe de croix au XXIe siècle, le volet central interroge deux domaines de la réforme liturgique de Vatican II particulièrement significatifs : celui de la prière eucharistique, où le Concile renoue avec l'Antiquité chrétienne en privilégiant l'approche mystérique du signe de croix ; celui du Rituel de l'Initiation Chrétienne des Adultes, où le signe de croix devient le mémorial de la plongée du baptisé dans le mystère trinitaire intrinsèquement lié au mystère de la mort-résurrection de Jésus : faire le signe de croix, c'est désirer entrer dans la suite du Christ mort et ressuscité et participer à la vie même de la Trinité. En d'autres termes, être marqué du signe de la croix du Christ, c'est accepter que la puissance de Dieu Trinité apparaisse, en Jésus crucifié, comme folie aux yeux de la sagesse humaine tout en révélant la sagesse de Dieu. " Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes " (1 Co 1, 25). Dès lors, tout signe de croix est bien une forme de célébration kérigmatique.