« La parole est cet instrument précieux qui nous lie aux autres, elle est
au coeur de toutes les relations sociales. En ce sens elle est fondatrice
de la condition humaine. Cependant la parole contemporaine
témoigne d'une nette ambivalence. Jamais elle n'a connu un tel
déploiement, mais elle sert le meilleur et le pire. Si elle contribue en
permanence à transformer le monde dans une réciprocité aux autres,
elle est aussi manipulée ou brisée par les puissants. Souvent elle est
difficile à prendre ou bien elle reste sans écho, et nombreux sont les
sans-voix dans nos démocraties contemporaines.
Le silence est nécessaire à la parole, il introduit un espace de
respiration, de méditation. Il est le souffle des conversations et leur
tempo. Mais le silence tend à être chassé de mille manières de
l'environnement social. Le bruit ne cesse de gagner et de rendre parfois
la parole inaudible.
Il est difficile aujourd'hui de s'abstraire, de trouver les conditions d'une
intériorité. Le silence se fait rare. Mais peut-on parler sans se taire et
donc sans écouter l'autre, peut-on penser dans le bruit ? La parole,
dans ce sens, est étroitement solidaire du silence. » P.B. et D.L.B.