Gustave Le Rouge (1867-1938)
"Dans la chambrette, simplement meublée d’une table, d’un lit et de deux chaises, qu’il occupait au cinquième étage d’une maison de la Canebière, à Marseille, l’ingénieur Goël Mordax était en train de mettre au net une épure des plus compliquées, lorsqu’on frappa timidement à sa porte.
– Au diable le raseur ! s’écria-t-il... Il y a vraiment des gens qui ont du temps à perdre !...
Tout en maugréant, Goël avait ouvert. Sa moue rechignée eut vite fait de se transformer en un sympathique sourire à l’aspect du visiteur inattendu.
– Comment, c’est toi, mon vieux Lepique, dit-il. Il y a au moins trois semaines que l’on ne t’a vu !...
– Au moins, si tu m’apportais des nouvelles de notre belle inconnue !...
– Ah ! Ah ! s’écria le nouveau venu en souriant, il s’agit bien d’elle et de son automobile endiablée... J’ai mieux que cela à t’annoncer.
– Aurais-tu trouvé quelque nouvelle variété de lézard ? répliqua l’ingénieur... À propos, comment va ta ménagerie ?
– Très bien... Mais il n’est pas question de cela... Tu n’as donc pas lu les journaux ?
– Tu sais bien que je ne les lis jamais.
– C’est un tort. Sans cela, tu ne serais pas là, tranquillement assis devant ta table... Ou plutôt, si, tu y serais...
– Voyons, explique-toi, cesse de parler par énigmes.
– Lis toi-même, dit Lepique en tendant un journal à son ami... Lis et réjouis-toi !
Le jeune ingénieur prit la feuille et la déplia négligemment.
Puis il poussa un cri de surprise, et s’absorba dans sa lecture."
Le milliardaire norvégien, Ursen Stroëm, organise un concours pour la conception d'un sous-marin dans "un but d'humanité et de civilisation". Le vainqueur se verra pourvu de cinq millions et la fille d'Ursen, Edda, l'épousera... Goël Mordax, jeune ingénieur de talent, s'inscrit et gagne, entraînant la jalousie d'un de ses concurrents, l'américain Tony Fisher...