Né en 1812 et mort en 1870, Charles Dickens assiste au développement de l'ère industrielle, de la société de consommation et de nouvelles pratiques de lecture qui transforment les usages du document, ce que le romancier commente continuellement dans son oeuvre en ne cessant d'en exposer l'ambivalence. Le texte romanesque donne à voir tout le spectre du document - catalogues, inscriptions, inventaires, lettres, publicités, réclames, journaux, bibles, partitions de musique, affiches de noyade, enseignes commerciales, plaques, testaments, contrats, documents juridiques - dont la présence vient hanter le Londres de Victoria sur le mode de l'obsession. Cette présence imprime sa trace sur les corps, les paroles, les esprits, faisant des personnages des êtres de papier habités par le document. Cet ouvrage propose donc une réflexion sur le lecteur concret et sa réception des textes tels qu'ils se présentent dans les romans de Charles Dickens. Il s'agira de voir pourquoi et comment le romancier cherche à se défaire des supports traditionnels de l'écriture, pour examiner son rêve de textes vivants et réenchantés.