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À l’aube du XVIIIe siècle, les colères de l’océan accentuent la répulsion inspirée par les grèves désertes et lugubres. Nulle part, excepté dans l’œuvre de rares individus, ne se dit l’admiration pour l’espace infini des flots ; nulle part ne s’exprime le désir d’affronter la puissance des vagues, de ressentir la fraîcheur du sable. C’est entre 1750 et 1840 que s’éveille puis se déploie le désir collectif du rivage. La plage alors s’intègre à la riche fantasmagorie des lisières ; elle s’oppose à la pathologie urbaine. Au bord de la mer, mieux qu’ailleurs, l’individu se confronte aux éléments, jouit de la sublimité du paysage. Le long des grèves septentrionales, l’alternance du flux et du reflux, le spectacle d’un peuple de « petits pêcheurs », simple, héroïque et redoutable, conduisent l’errance et la rêverie. Dans le saisissement de l’immersion, qui mêle le plaisir et la douleur de la suffocation, s’élabore une façon neuve d’appréhender son corps.