Le Théâtre de L'Archipel
Genèse et émergence d'une oeuvre d'art
Entrez dans les coulisses d'une oeuvre historique.
Le Théâtre de l'Archipel : une tour rose, une bulle aplatie, une « black box », un bâtiment couvert d'affiches et deux autres qui vibrent en or et argent. Quelle étrange idée ! Et pourtant, en passant par le filtre imaginatif d'un des architectes les plus en vue de la planète, Jean Nouvel, en collaboration avec Brigitte Métra, cette collection d'objets insolites a pour vocation à devenir le phare de la vie culturelle de la ville de Perpignan.
Il aura fallu une dizaine d'années pour que la vision initiale se concrétise en cet ensemble coloré, multiple, chargé de béton, d'acier, habillé de symboliques « peaux » que les Perpignanais, et leurs voisins, vont devoir apprivoiser pour en goûter toutes les subtilités et l'élégance intime. Cet ouvrage est un témoignage, le plus visuel possible, de ce qui a permis à l'oeuvre d'émerger sur ce bout d'Espace Méditerranée. Des fondations au dernier petit coup de pinceau, tout est révélé et, surtout, ce qui sera à jamais masqué aux spectateurs pour que vive la magie du théâtre.
Nous vous invitons tout au long de ce livre à revivre cette singulière aventure humaine et artistique dont le résultat installe le Théâtre de l'Archipel dans le paysage historique de Perpignan.
Un chantier n'est rien d'autre qu'un lieu où se mêlent des tonnes de béton, de métal, de bois, de plastique, de tuyaux, de fils, de verre... De la matière, plus ou moins travaillée, avec l'esprit et les mains des hommes pour les assembler dans une cohérence voulue. Et puis, il y a la lumière.
Chaque jour qui passe change, parfois d'une manière infime, parfois brutalement, la perception de ce qui est à l'oeuvre. L'oeil se pose, ici, là, à « l'écoute » de ce qui se révèle dans un éclat du soleil, un contre-jour, une pénombre. Rien n'est jamais achevé, tout ce qui apparaît n'est qu'une image furtive, changeante, dépendante des circonstances matérielles de l'instant et de l'état d'esprit de celui qui regarde.
Ces mots peuvent sembler pompeux. En fait, ils ne sont qu'un effort pour tenter de rendre compte de l'étonnement, parfois du ravissement de la conscience devant ce qui « surgit », se donne à voir avant de disparaître dans le mouvement incessant de la construction.
Le chantier du théâtre de l'Archipel a été, de ce point de vue, un magnifique théâtre avant l'heure. De jour en jour, de semaine en semaine, il a été une scène où, sans attente ni souhait préalable, sont apparues des images que l'oeil s'est plu à contempler. La créativité du lieu n'a pas eu de cesse. Il suffisait d'être là et de s'abandonner aux apparences fugitives. Quelques unes d'entre elles se sont posées sur le papier.