Si de nos jours le travail est une
valeur, il en va tout autrement au
Moyen Âge. L'oisiveté, loin d'être
blâmée, y est «sainte», digne d'estime
voire d'admiration, à l'exemple du moine voué à
la prière. Le négoce est «vulgaire et impie», quant au
«travail», le mot n'existe pas avant le XVIe siècle.
Travailler est une punition, celle que le créateur infligea au
premier couple après la Faute. Cette malédiction est
confirmée par la pratique de l'esclavage, puis du servage :
ceux qui travaillent au profit des autres sont des êtres
asservis. Avilissant, forcé, le travail va progressivement
apparaître, aux yeux des chrétiens, comme une occasion
de rachat. Il faut attendre l'an mil environ pour que le
travail devienne une forme d'obéissance naturelle au
créateur. À travers cette vaste fresque des métiers, des
statuts et des gestes - du laboureur à l'homme de plume,
du chevalier à la femme au travail - ce livre restitue l'ensemble
des structures de la société médiévale.