«Les racistes sont des êtres inférieurs», la phrase revient comme un boomerang
: celui qui pense qu'il y a des êtres inférieurs est raciste... et s'autoproclame
ainsi être inférieur. Quel crédit lui accorder ?
Énoncer une telle phrase, c'est aussi suggérer l'opposé. Regardez autour de
vous, les livres et les conversations regorgent de ces incongruités. Ce fourmillement
fait ce livre.
La définition du paradoxe doit être paradoxale : depuis le calamiteux «Je
mens» des Grecs, et en disant «Je mens», je dis la vérité, donc je ne mens
pas, mais alors... une caractéristique du paradoxe est ainsi que son contraire
semble aussi pertinent. Cette constatation du «contraire vrai» a donné naissance
à des théorèmes de logique prouvant l'existence inéluctable de propositions
mathématiques indémontrables, une des grandes découvertes
logiques du XXe siècle.
Le paradoxe est le ferment de vérités ; en prime, il est drôle car nous aimons
prendre en défaut des pseudo-certitudes qui se révèlent absurdes et nous
goûtons les phrases apparemment stupides qui font surgir la vérité : «Je le
crois parce que c'est absurde» (Credo quia absurdum) proclamait le
Carthaginois Tertullien.