Le Qatar n’est pas vraiment un État mais c’est à coup sûr une marque trompeuse. Et voici pourtant que nos politiques, nos industriels, nos sauvageons et même nos sportifs tendent la main vers cet émirat providentiel. La France en crise supplie en chœur, Saint-Qatar sauvez-nous ! Hélas, le but du petit émirat n’est pas le bonheur des autres, mais sa survie. Il y a moins d’un siècle cette péninsule grande comme la Corse n’était qu’un repaire de pêcheurs de perles. Depuis que le gaz a surgi sous ses pieds ce nain est traité en géant et sa télévision, Al-Jazira, érigée en modèle de liberté. En plongeant dans les secrets du sérail qatari, ce livre révèle les impostures de l’Émir et de son clan : Non, ce bout de désert planté de tours et semé de musées vides n’est pas devenu l’eldorado de la démocratie et de la vie intellectuelle. Non, ce dragon n’est pas le nouveau moteur économique de l’Occident, mais seulement un rentier de la pierre. Non, ce champion des colloques sur la corruption n’est pas un modèle de vertu quand lui-même lave l’argent des dictateurs. Non, cet État qui a soufflé sur les braises du printemps arabe n’a jamais sponsorisé un islam tolérant, pas plus dans nos banlieues qu’au Nord-Mali. Et si le Qatar n’était qu’une enseigne ?