On est en 2005. Fiodor Kokochkin, un alerte nonagénaire,
professeur émérite de biologie, retourne à New York sur le
luxueux Queen Mary après un dernier voyage en Europe
où il est allé revoir encore une fois les lieux de son enfance
et de sa jeunesse. Des lieux chaque fois moins reconnaissables,
comme si le temps, en détruisant les traces de
son passé, effaçait peu à peu l'histoire de sa vie. Une vie
d'errance, de Saint-Pétersbourg, où son père est assassiné
par les bolcheviks, jusqu'à Prague, dernier refuge avant les
États-Unis, que l'arrivée au pouvoir des nazis a rendu bien
précaire. Auparavant, il a croisé Bounine à Odessa, Berberova
à Berlin, et tous ces anonymes qui les ont aidés, sa
mère et lui, à survivre.
Cette double fuite devant les deux régimes totalitaires
les plus sanglants du XXe siècle, évoquée dans l'atmosphère
faussement rassurante du grand paquebot, donne à ce roman
une profondeur légère qui est la marque du grand écrivain
qu'est H. J. Schädlich.