Un phénomène majeur a pris place en France au cours du 19e et du 20e siècle : la création et le développement d’une école publique qui retient les enfants et les adolescents des deux sexes sur une longue période (19 ans aujourd’hui en moyenne), et bien au-delà de l’obligation légale depuis les années 1960. Simultanément, l’organisation scolaire et les finalités de la scolarisation se sont transformées : à des écoles s’adressant spécifiquement à une classe sociale et un sexe s’est substituée une organisation qui récuse ces principes de différenciation de l’offre scolaire et définit celle-ci par référence à la structure des emplois. Cet ouvrage porte à la fois sur le développement de la scolarisation et sur les transformations de l’organisation scolaire entre le début du 19e siècle et aujourd’hui. Il prend en compte tous les enseignements non obligatoires pour les garçons et pour les filles : le primaire jusqu’en 1880, les enseignements secondaire, primaire supérieur et technique jusqu’en 1959, les diverses formes de scolarisation concernant la tranche d’âge 11-19 ans depuis les années soixante. L’accent est mis sur les déterminations internes à l’institution scolaire – l’action sur le terrain des personnels et l’organisation administrative et financière des établissements – ainsi que sur des déterminations externes. Parmi ces dernières, outre la politique définie à l’échelon central, certaines jouent un rôle notable à telle ou telle époque : les actions des villes entre 1830 et 1880, celles des milieux patronaux des industries « modernes » au 20e siècle, l’élaboration de conceptions nouvelles des besoins scolaires chez les instituteurs syndicalistes vers 1900 ou chez les partisans de l’éducation nouvelle après 1930, la diffusion de nouvelles représentations de l’avenir par les « experts » du Plan après 1945. Une dernière partie offre une vue d’ensemble sur les aménagements du système scolaire dans le contexte nouveau de crise de l’emploi des trente dernières années et un bilan de la relation entre les objectifs des réformes des années 1959-1967 et l’état de la scolarisation à la fin du 20e siècle.